Ancienne caserne construite au début du siècle située à Compiègne, Royallieu est utilisé comme camp de prisonniers de guerre puis vidé de ses occupants, envoyés dans les Stalags du Reich. De juin 1941 à la fin août 1944, sous l’appellation de Frontstalag 122, c’est un camp d’internement pour ceux que l’Allemagne nazie considère comme une menace (prisonniers politiques, résistants, Juifs, ressortissants des pays Alliés…), constituant une réserve d’otages à fusiller ou déporter en représailles. Royallieu est le seul camp en France qui dépende exclusivement de l’administration allemande et se découpe en trois : Camp A (internés français, résistants compris), Camp B (internés des pays ennemis, Britanniques et Américains surtout) et Camp C (internés « spéciaux » : femmes, Soviétiques, Juifs, otages et prisonniers jugés « difficiles »). Entre 1941 et 1944, environ 54 000 internés y ont transité, dont près de 50 000 déportés dans le Reich. En France, les deux tiers des résistants arrêtés sont internés à Royallieu : ils représentent 58,6% des détenus, les opposants politiques 12,6%, et les internés « raciaux » 11,5%. Le camp de Royalieu est l’un des plus importants rouages du système totalitaire et génocidaire sur le sol français pendant la guerre.