« Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! » tel est un extrait du discours tenu par le Général de Gaulle à l’Hôtel de ville le 25 août 1944. Cette exclamation n’est pas anodine puisqu’elle relate de manière emblématique les différentes étapes de la libération de Paris. Tout commence avec la volonté d’Hitler de soumettre les habitants de la capitale à ses ordres pour en faire un théâtre militaire. Mais son projet est contrarié : motivés par le succès du débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin, les résistants parisiens amorcent une insurrection populaire commandée par Rol-Tanguy. Des événements de luttes contre l’occupant avaient déjà eu lieu auparavant comme les grandes manifestations anti-allemandes du 14 juillet 1944, mais la lutte est maintenant fortement accélérée. Des grèves se mettent peu à peu en place : celle des cheminots, du métro, de la gendarmerie puis de la police, avant d’atteindre leur point culminant le 18 août lors de l’appel à la grève générale. Le 19 août, deux mille policiers résistants s’emparent de la préfecture de police et s’engagent dans une lutte contre les Allemands. Les combats s’étendent même jusqu’en banlieue où les résistants procèdent à des embuscades et à des accrochages. Une trêve qui donne l’occasion aux Français de confirmer leurs positions est ensuite instaurée, mais sa brièveté permet aux résistants de reprendre les combats rapidement, toujours avec enthousiasme et dans une situation précaire. Pour venir en aide aux résistants parisiens le Général Charles de Gaulle négocie une entrée dans Paris avec les forces alliées, qui devaient initialement contourner la capitale. Suite à cette mesure, les troupes du général Patton établissent une tête de pont sur la Seine à Mantes le 20 août. En outre, suite à l’appel des Francs-tireurs partisans (FTP) et des Forces françaises de l’intérieur (FFI), les Parisiens dressent des barricades ; on en compte jusqu’à 600 le 22 août. Du côté allemand, le Général von Choltitz, après de multiples discussions avec le suédois Raoul Nordling, désobéit à l’ordre d’Hitler de réduire la ville en un « champ de ruine ». S’il a accédé aux commandes des forces allemandes car ses attitudes durant la prise d’Amsterdam et lors de l’écrasement de la ville de Sébastopol étaient considérées comme exemplaire par le Führer, à Paris il fait son maximum pour éviter les combats. L’exaltation française et l’affaiblissement allemand permettent à la 2e division blindée – ou division Leclerc – d’entrer dans Paris par la Porte d’Orléans le 24 août, suite à l’ordre du général Eisenhower. En parallèle, les Alliés surveillent le sud de Paris pour faciliter la mission de cette division. Le lendemain, Leclerc reçoit la capitulation des troupes allemandes à son poste de commandement dans la gare Montparnasse. Si ces six jours de combats se caractérisent par une force militaire pauvre (pas d’aviation, pas de chars), ils détiennent une force symbolique certaine : les Français ont libéré eux-mêmes la capitale et ils ont opté pour la France de De Gaulle plutôt que pour celle du Maréchal Pétain. Le Général célèbre sa victoire le 26 août sur les Champs Elysées où il fleurit la tombe du soldat inconnu. Finalement, peu de dégâts ont été causés dans la ville parisienne et cette libération en déclenche d’autres, et en premier celle de Strasbourg. Après la libération de Paris, Marie-Pierre Koening, commandant en chef des forces françaises de l’intérieur (FFI), est nommé gouverneur militaire de Paris jusqu’à l’an suivant.